Les plantes sont des trésors silencieux que nos grands-mères nous ont transmis sans le dire, comme une langue ancienne, une poésie ancrée dans la terre. Chaque région du Maroc, de l’Atlas à l’Oriental, de la côte atlantique aux plaines du Souss, révèle une végétation singulière, un amour des plantes qui a pris racine bien avant nous. C’est un amour qui se transmet par des gestes simples, par la tendresse de la main qui arrose un pot de basilic, par les feuilles de menthe qui infusent le thé, par les roses de Dades et les arganiers d’Essaouira, enracinés profondément dans notre mémoire.
Nous avons grandi avec cette terre sous nos pieds, à courir entre les herbes sauvages, à sentir les odeurs qui se mêlent dans le vent. Elle est notre terrain de jeu, libre et vaste, chaque recoin d’une vallée ou d’un champ devenant un monde à explorer. Même en ville, la terre semble nous appeler, comme si chaque plante dans un appartement, chaque aloé sur un balcon, chaque arganier dans un riad était une porte ouverte vers des souvenirs lointains. Elles ont ce pouvoir, nos plantes. Celui de nous ramener en arrière, dans l’ombre fraîche d’un jardin d’enfance, dans les bras d’une grand-mère qui murmure des contes sur des étés éternels.
Elles nous font voyager aussi loin que nous pouvons rêver. Dans une ruelle de médina, où le parfum du jasmin se mêle aux éclats de rires, elles deviennent des souvenirs d’amour et d’enfance. Dans chaque rencontre avec une feuille, une branche, une fleur, il y a un bout de cette liberté retrouvée, celle de l’enfant qui court pieds nus sur une terre brûlante sous le soleil. Ces plantes, elles nous habitent, nous murmurent que, où que l’on soit, elles sauront toujours nous ramener chez nous.
Tarik,